Les Kurdes rendent hommage à "Kendal Breizh", Breton mort en Syrie en combattant Daech avec eux
INTERNATIONAL - Le Breton Olivier Le Clainche, alias "Kendal Breizh", est mort en Syrie le 10 février alors qu'il combattait dans une milice kurde ciblée par l'armée turque.
Originaire de Malestroit dans le Morbihan, Olivier Le Clainche était parti en Syrie en juillet 2017 afin d'y combattre le groupe jihadiste État islamique (EI) au sein des Unités de protection du peuple (YPG).
Nous avons la tristesse d'annoncer que #KendalBreizh a été tué à #Afrin le 10/2/18. Il est tombé au feu en combattant les islamo-fascistes au sein des #YPG. Kendal Breizh était un révolutionnaire, un internationaliste, un combattant courageux. Şehîd namirin ! https://t.co/6YfuL98SYs
— Ami. kurdes Bretagne (@AmKurBret) 18 février 2018
Après avoir fourni, selon un communiqué des YPG annonçant sa mort, un "grand effort pour la libération des principales zones tenues par l'EI, comme les villes de Raqa et Deir Ezzor", le Breton de 40 ans aux cheveux poivre et sel avait décidé récemment de rejoindre la région d'Afrine, dans le nord de la Syrie.
La milice kurde des YPG, considérée comme "terroriste" par Ankara, mais alliée des États-Unis dans la lutte contre l'EI, y est la cible depuis le 20 janvier d'une offensive militaire turque.
C'est à Jandairis, quelques jours seulement après son arrivée sur place, qu'Olivier Le Clainche, qui avait hérité du nom de guerre "Kendal Breizh" en référence à ses origines bretonnes, a été tué dans un bombardement aérien en compagnie notamment d'un ressortissant espagnol.
"Nous exprimons à nouveau notre respect et notre gratitude à l'égard de tous les martyrs internationaux de notre combat", écrivent les Kurdes dans leur communiqué en hommage à leurs "camarades" ayant "pris place au premier rang de la résistance historique contre les attaques fascistes de l'armée turque envahisseuse et de ses alliés".
Pas parti "pour jouer à Rambo"
Selon son entourage, "Kendal Breizh" a payé de sa vie son engagement militant au nom de "la lutte pour les droits humains, la liberté et la démocratie". "Il savait très bien que c'était dangereux", a confié à l'AFP Ronan Le Louarn, trésorier de l'association Amitiés kurdes de Bretagne, avec laquelle Olivier Le Clainche était régulièrement en contact depuis son départ.
"C'était pour lui, davantage qu'une lutte pour la minorité kurde, une lutte pour les droits humains, la liberté et la démocratie", a-t-il insisté. "Les Kurdes disent que c'était un bon combattant. Il avait été formé au tir antichar et au tir de précision, en plus de la formation de base dans l'infanterie", a-t-il ajouté.
Nous avons la tristesse d'annoncer que #KendalBreizh a été tué à #Afrin le 10/2/18. Il est tombé au feu en combattant les islamo-fascistes au sein des #YPG. Kendal Breizh était un révolutionnaire, un internationaliste, un combattant courageux. Şehîd namirin ! https://t.co/6YfuL98SYs
— Ami. kurdes Bretagne (@AmKurBret) 18 février 2018
Olivier Le Clainche n'était pas parti en Syrie "pour jouer à Rambo", avait-il lui-même assuré en juillet dernier dans un entretien à France Bleu Breizh Izel, pour qui il avait travaillé comme pigiste, en langue bretonne, pendant moins d'un an, à Quimper, après avoir multiplié les petits boulots.
"Olivier était un journaliste passionné et d'un grand professionnalisme", a indiqué dans un communiqué l'équipe de la radio associative locale Radio Bro Gwened, sur les ondes de laquelle il avait auparavant officié, de 2011 à 2013, à Pontivy. "Ouvert au débat, il défendait avec force ses convictions et ses engagements libertaires, écologiques et indépendantistes", témoignent ses anciens collègues. "Nous connaissions Olivier comme étant passionné par l'actualité internationale et sensible aux combats des populations minoritaires."
Un "hommage" public rendu "prochainement"
Militant antifasciste, "Kendal Breizh" avait fait "un choix en accord avec sa conscience", a confié à l'AFP le député (LREM) du Morbihan Paul Molac, qui avait interpellé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le 24 janvier à l'Assemblée nationale, à propos de l'intervention militaire turque dans la région d'Afrine.
"Par rapport à ce que l'on observe dans d'autres pays musulmans, les Kurdes sont très en avance en terme de développement sociétal, notamment au niveau du droit des femmes", a relevé Paul Molac, soulignant par ailleurs la "solidarité très ancienne" entre Bretons et Kurdes.
Décès de l'ancien journaliste breton #KendalBreizh à Afrin auprès des forces kurdes syriennes #YPG dans un bombardement turc. Une existence au service de la liberté et de la lutte pour les droits des femmes, des hommes et des minorités. Kenavo Olivier https://t.co/ogYQB3Cq6C
— Paul Molac (@Paul_Molac) 19 février 2018
"Même si tous ses amis ne partageaient pas la radicalité de son engagement et l'appréciaient principalement pour son caractère enjoué et sa générosité, nous sommes convaincus qu'Olivier est mort pour une cause juste: celle d'une société libertaire, égalitaire et écologique", ont réagi ses proches dans un texte publié sur le site militant bretagne-info.org.
Kendal Breizh est mort au #Kurdistan aux cotés de deux autres camarades https://t.co/vmvZXl1pnG#bzh#AfrinIsNotAlonepic.twitter.com/Ak4NCrtt7d
— Bretagne-Info.org (@bretagne_info) 18 février 2018
Olivier Le Clainche, à qui un "hommage" public sera rendu "prochainement", selon ce texte, avait fait part au début du mois, dans un entretien au Télégramme de Brest, de son intention de rentrer en Bretagne "au milieu de l'été" 2018.
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