La scierie Boudon de Chaudes-Aigues (Cantal) investit dans une machine de 400.000 € : une question de survie
La scierie familiale de Chaudes-Aigues (Cantal) a décidé de parier sur l’avenir en lançant de gros investissements depuis 2014, pour continuer sa course à la compétitivité.
Les locaux sont les mêmes qu’il y a presque 70 ans. Mais ce qu’il y a dedans n’a plus rien à voir avec les touts débuts. La scierie Boudon, installée à l’entrée du village de Chaudes-Aigues, au lieu-dit Pratviel, a entièrement revu son outil de travail. Une question de survie, comme pour les 7 ou 8 autres scieries qu’il reste dans le Cantal.
« Petit à petit, on a remis la scierie à neuf, on l’a modernisée », explique Laurent Boudon qui a repris l’entreprise familiale avec sa sœur Sylvie il y a 8 ans, transmise par leur père, Bernard, qui l’avait lui-même repris à son père, Pierre.
700.000 euros d’investissements en six ansAinsi, après deux phases de gros investissements qui ont permis à la société caldaguès de se faire une place dans la filière forestière, 500.000 € en 2014 et 400.000 € cette année, la scierie joue aujourd’hui dans la cour des grandes et est particulièrement performante. Mais ce n’est pas fini. Et ne le sera sans doute jamais, « car ça évolue très vite ».
« On va continuer à investir pour rester dans la course, car il faut toujours rester productif et il y a toujours des choses à améliorer », assure le patron, qui, à peine quelques jours après avoir pris les commandes de sa nouvelle machine, une scie à ruban et son charriot, pense à l’avenir. Et ces investissements ont aussitôt changé la donne.
Dès 2014, quand l’informatique et l’automatismesont arrivés, ça a été la révolution
Aujourd’hui, l’installation de cette deuxième machine permet de « gagner en productivité » car plus précise, plus rapide et plus confortable, et surtout de traiter des « gros bois », ce que peu de scieries sont aujourd’hui encore capables de faire. « Seulement 3 ou 4 savent transformer du gros bois, explique Jacques Lacoste, président du syndicat Fransylva 15 et fournisseur de la scierie Boudon. Il y a 30 ans, il y en avait une vingtaine ».
Et Laurent Boudon de renchérir : « en France, en cinquante ans, 90 % des scieries ont disparu ». Alors, celles qui restent doivent être compétitives et performantes et doivent pouvoir apporter une réponse adaptée à la demande et au marché.C’est ce qu’a d’abord fait Bernard Boudon, le père de Laurent et Sylvie, lorsqu’il a ajouté, dans les années 80, une corde à son arc en proposant la pose de charpente, qui représente aujourd’hui 1/3 de l’activité et qui occupe quatre personnes de l’entreprise. Une diversification bienvenue qu’ont poursuivie ses enfants, aujourd’hui les seuls du département à proposer ce travail.
En investissant, l'entreprise a gagné en productivité et ses salariés en confort de travail.Pour la partie scierie pure (sciage et produits dérivés), la société traite 6.000 m3 de grumes. « Lorsqu’on a repris l’entreprise il y a 8 ans, on transformait 2.000 m3 de grumes. Et on a encore une marche de progression énorme ». Mais pas question pour autant pour Laurent et Sylvie Boudon d’accepter tous les gros bois, de toute la France. Leur credo, « c’est du bois local, sur un rayon de 50 à 60 kilomètres ». Du bois acheté sur pied, pour moitié auprès des exploitants forestiers privés et à l’ONF, et dont ils gèrent le transport.
Une fois dans les ateliers de la petite scierie de Chaudes-Aigues, les bois, essentiellement du sapin, mais aussi et de plus en plus du hêtre, du chêne et du douglas, sont traités, pour 1/3 d’entre eux destinés à du bois de calage, 1/3 pour être abouté et 1/3 pour la charpente traditionnelle.
Isabelle Barnérias