A Calais, deux mille personnes manifestent pour soutenir les migrants
Anglais, Français, Belges, Italiens... Quelque 2.000 personnes ont manifesté samedi après-midi à Calais (Pas-de-Calais) pour exprimer leur "solidarité" avec les migrants et pour réclamer "des condition d'accueil dignes", a constaté une journaliste de l'AFP.
"Nous sommes ici par solidarité et pour dénoncer l'inactivité de l'Etat français qui n'a pas la volonté d'assurer une vie meilleure aux réfugiés", a affirmé Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris en bus et pour qui "une tragédie humaine" se joue à Calais.
"Réfugiés bienvenue", "Calais, Lesbos, Lampedusa, nos frontières tuent", "Ouvrez les frontières, laissez-les entrer", pouvait-on lire sur des pancartes.
"No jungle, no jungle", ont scandé les migrants qui ont pris part à la manifestation. "Ici, nous vivons de façon pire que des animaux !", s'est insurgé Wali, un migrant afghan qui vit dans la "Jungle", ce bidonville situé près de la rocade porturaire où survivent quelque 4.000 personnes.
Barra, un migrant syrien de 21 ans, s'est dit pour sa part "heureux" de voir "toutes ces personnes venir ici (les) soutenir". "Leur présence pourra peut-être faire bouger les choses, faire pression sur l'Union européenne, pour changer la situation ici, à Calais", a-t-il dit.
Pour Samuel, un militant de la Cimade, "à Calais, c'est l'horreur des frontières qui se joue (...) les politiques de la France sont des politiques meurtrières et il est importent de les dénoncer".
Le 11 janvier, un centre d?accueil provisoire (CAP) composé de 125 conteneurs chauffés de 12 places pouvant accueillir 1.500 migrants a pourtant été inauguré à Calais.
Mais, pour Jean-Baptiste, "ce n'est pas suffisant". "Il y a urgence humanitaire, nous réclamons des conditions d?accueil dignes", a-t-il affirmé.
- Les migrants à bord d'un ferry -
Plusieurs collectifs de sans-papiers ont également pris part à cette manifestation. "Migrants d'hier et aujourd'hui, même combat pour l'égalité des droits", pouvait-on lire sur leur banderole.
Des slogans "Sans papier en danger" ont également été scandés.
Des politiques ont également pris part à cette manifestation, notamment l'ex-candidat d'extrême gauche à l'élection présidentielle Philippe Poutou (NPA).
"Il faut accueillir les migrants de manière digne, c'est le minimum qu'on puisse faire", a-t-il dit.
"On ne peut pas laisser cette situation perdurer ici. Les gens vivent dans des conditions inadmissibles, indignes, j'appelle M. Valls et M. Cazeneuve à prendre toutes les mesures qu'il faut pour régulariser cette situation", a déclaré de son côté Karima Delli, députée européenne écologiste.
Partis à 14H00 de la "Jungle" de Calais, les manifestants se sont dispersés calmement à 16H30. Cependant, selon la maire de Calais Natacha Bouchart, "des débordements sérieux ont été constatés en centre-ville, en particulier Place d?Armes où la statue du Général De Gaulle et d?Yvonne Vendroux a été taguée".
En fin de manifestation, une cinquantaine de migrants ont réussi à monter illégalement à bord du Spirit of Britain, un ferry de la P&0.
"Un groupe d'une cinquantaine a pu monter" à bord du ferry, a indiqué à l'AFP la préfecture du Pas-de-Calais.
Par mesure de sécurité, l'activité du port a été suspendue.
Les forces de l'ordre étaient encore à l??uvre à 18H30 pour tenter de déloger les migrants du bateau mais les les migrants bloquaient la passerelle d'accès, empêchant les CRS de monter à bord, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre, considéré par eux comme un eldorado.
Dans le même temps, à une quarantaine de kilomètres plus au nord, le leader de l'opposition britannique, le travailliste Jeremy Corbyn, s'est rendu dans le camp de migrants de Grande-Synthe (2.500 migrants).
"Certaines personnes, sont ici depuis des mois, voire plus, dans le froid, dans l'humidité, sans éducation correcte, sans accès aux médecins, ni aux dentistes et avec un accès limité à la nourriture (...) ces conditions sont une honte", a affirmé le chef d'opposition britannique pour qui "la Grande-Bretagne doit faire davantage pour résoudre le problème".